#9_ Daybreak in my street, 2022, 24” x 16”
The day rises slowly. I'm already wandering around the apartment, barefoot, with a cup of coffee in one hand and my grandmother's white and green saucer in the other; I'm particularly fond of the cup's wavy, almost wrinkled, shape. This is my favorite time of day. I am alone in the world, all is silence around me, only my mind noises in this silence...
Around me, they are still in their dreams, but I am dreaming standing up. My eyes and my thoughts wander, my gaze runs after my thoughts, or is it the other way around? I can't say, but I like this moment, which is both certain, because it is repeated every day, and uncertain, because we can never predict what will happen.
The window is already open but nothing is moving yet in the street. The air is absolutely still, tense, frozen, still numbed by the dark and slightly foggy veil of the night, but I already feel that the metamorphosis will soon take place. A few vibrations at first, as if the strings of an instrument were being plucked, and the air seems to be shaking to regain its vigor after a long sleep; the leaves of the plane trees under my window are gently undulating, the sparrows asleep on the branches are waking up and starting to chirp, a turtle dove is already cooing, ready to fly away. The sky is fading as I finish my coffee; pink is appearing but it is soon chased away by the soft yellow that thickens little by little to become a bright golden yellow.
Hardly time enough to catch my breath and the sun is rising between the trees. I put the cup and saucer on the table, and the golden rays show up, spreading on the wall and illuminating the room. My day is beginning now. (text by Cécile Viars)
#9_ Lever du jour dans ma rue, 2022, 60 x 40 cm
Le jour se lève tout doucement. Je déambule déjà dans l’appartement, pieds nus, une tasse de café dans une main, la soucoupe blanche et verte de ma grand-mère dans l’autre ; j’affectionne tout particulièrement la forme ondulée, presque plissée, de la tasse. C’est le moment de la journée que je préfère. Je suis seule au monde, tout est silence autour de moi, seul mon esprit bruit en silence…
Autour de moi, chacun est encore dans ses rêves, et moi je rêve debout. Mes yeux et mes pensées vagabondent, mon regard court après mes pensées, ou bien est-ce le contraire ? Je ne saurais le dire, mais j’aime cet instant à la fois certain, puisqu’il se répète chaque jour, et incertain, car on ne peut jamais prévoir ce qui va se passer.
La fenêtre est déjà ouverte mais rien ne bouge encore dans la rue. L’air est absolument immobile, tendu, figé, encore engourdi par le voile sombre et légèrement brumeux de la nuit, mais je sens déjà que la métamorphose va bientôt s’opérer. Quelques vibrations d’abord, comme si l’on pinçait les cordes d’un instrument, et l’air semble s’ébrouer afin de retrouver sa vigueur après un long sommeil ; les feuilles des platanes sous ma fenêtre ondulent doucement, les moineaux endormis sur les branches s’éveillent et commencent à pépier, une tourterelle roucoule déjà, prête à s’envoler. Le ciel pâlit pendant que je termine mon café ; le rose fait son apparition mais il est bientôt chassé par le jaune tendre qui s’épaissit peu à peu pour se transformer en jaune d’or éclatant.
Le temps de reprendre mon souffle et voici surgir le soleil entre les arbres. Je pose tasse et soucoupe sur la table, et apparaissent les rayons dorés qui s’étalent sur le mur et illuminent la pièce. Ma journée commence maintenant. (texte de Cécile Viars)