#3_ We have to live together, 2022, 32” x 24”
Last night, several of my neighbors met on the stairs; some were on their way home after a long day at work, tired and a little lost in thought; others were coming down quickly, anxious not to miss their bus or subway for fear of being late for their night shift.
There was a bit of jostling and voices were raised. Everyone was trying to cover each other's voices, doors opened, questions were asked but not answered. And then the old man from the third floor came in, pounding the steps with the tip of his cane and this in turn caused a big hubbub in the stairwell.
His dog was ahead of him and took advantage of the confusion to try to snatch the snack from Tao, the night guard, who was coming down. Then he went for Sadi 's baguette, which flew over the railing. While trying to catch it, Sadi pushed Philippe's bag. Some oranges slipped out of the bag and started rolling down the stairs. Giuliano, the musician, was struggling up the stairs with his cello and stopped dead in front of the orange pellets hitting his feet.
He looked so comical that everyone burst out laughing. When the laughter stopped, the neighbors looked at each other, some murmured apologies, then shook hands, wished each other a good evening and parted , calmed down. (text by Cécile Viars)
#3_ Il faut cohabiter, 2022, 80 x 60 cm
Hier soir, plusieurs de mes voisins se sont rencontrés dans l’escalier ; certains remontaient chez eux après une longue journée de travail, fatigués et un peu perdus dans leurs pensées ; d’autres descendaient rapidement, pressés de ne pas rater leur bus ou leur métro de peur d’arriver en retard sur leur poste de travail de nuit.
Il y a eu un peu de bousculade et les voix se sont élevées. Chacun tentait de couvrir la voix des autres, des portes se sont ouvertes, des questions ont fusé mais elles sont restées sans réponse. Et puis le vieux monsieur du troisième est arrivé en martelant les marches avec la pointe de sa canne et son arrivée a déclenché un grand brouhaha dans la cage d’escalier.
Son chien le précédait et a profité de la confusion pour tenter de rafler le casse-croûte de Tao, le gardien de nuit, qui descendait. Puis il s’est attaqué à la baguette de Sadi l’épicier, qui s’est envolée par-dessus la rampe. En voulant la rattraper, Sadi a fait tomber le sac de Philippe. Des oranges se sont échappées et ont commencé à rouler dans l’escalier. Giuliano le musicien remontait péniblement avec son violoncelle et s’est arrêté net devant les boulets orange qui butaient à ses pieds.
Il avait un air si comique que tout le monde a éclaté de rire. Quand les rires ont cessé, les voisins se sont regardés, certains ont murmuré des excuses puis ils se sont serré la main, se sont souhaité une bonne soirée et se sont séparés en silence. (texte de Cécile Viars)